La Domenica Del Corriere - Ethiopie: 40% des habitants du Tigré "en pénurie extrême de nourriture"

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Ethiopie: 40% des habitants du Tigré "en pénurie extrême de nourriture"
Ethiopie: 40% des habitants du Tigré "en pénurie extrême de nourriture"

Ethiopie: 40% des habitants du Tigré "en pénurie extrême de nourriture"

Près de 40% de la population souffre d'une "pénurie extrême de nourriture" dans la région éthiopienne du Tigré, ravagée par la guerre depuis bientôt 15 mois et où les organisations humanitaires sont désormais à court de carburant, selon l'ONU.

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Selon la dernière évaluation de la situation alimentaire publiée vendredi par le Programme alimentaire mondial (PAM), 4,6 millions de personnes, soit 83% de la population du Tigré, sont en situation "d'insécurité alimentaire", tandis que deux millions (près de 40%) d'entre eux se trouvent en "grave insécurité alimentaire".

"Les familles épuisent tous les moyens pour se nourrir, les trois-quarts de la population utilisant des stratégies d'adaptation extrêmes pour survivre", souligne le PAM dans un communiqué.

"Les régimes alimentaires s'appauvrissent à mesure que les denrées alimentaires s'épuisent et les familles dépendent presque exclusivement des céréales, tout en limitant les portions et le nombre de repas qu'ils prennent chaque jour", ajoute l'agence de l'ONU.

Elle alerte aussi sur la faim qui progresse dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar, durement frappées par les combats ces derniers mois.

- Aide acheminée "à pied" -

"Le PAM fait tout ce qui est en son pouvoir pour que nos convois de vivres et de médicaments traversent les lignes de front", déclare Michael Dunford, directeur régional du PAM pour l'Afrique de l'Est, dans le communiqué.

"Mais si les hostilités persistent, il est nécessaire que toutes les parties au conflit acceptent une pause humanitaire et des couloirs d'acheminement, afin que les fournitures puissent atteindre les millions de personnes assiégées par la faim", ajoute-t-il.

Les combats ont éclaté en novembre 2020 dans le nord de l'Ethiopie après que le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé des troupes pour renverser le TPLF, parti alors au pouvoir au Tigré, qui contestait l'autorité du gouvernement fédéral et qu'il accusait d'avoir organisé des attaques contre des bases de l'armée.

Région de six millions d'habitants, le Tigré est soumis depuis six mois à ce que l'ONU qualifie de "blocus de facto de l'aide humanitaire".

Washington accuse le gouvernement de bloquer l'aide, tandis qu'Addis Abeba impute la situation aux incursions rebelles.

La semaine dernière, l'ONU a affirmé que les distributions de nourriture au Tigré avaient "atteint un niveau plus bas que jamais".

- Regain de combats -

Vendredi, le Bureau de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha) a annoncé que les ONG humanitaires internationales opérant dans la région avaient épuisé leur stock de carburant depuis le 24 janvier, se voyant contraintes de "délivrer à pied le peu de fournitures et de services humanitaires restants".

Les organisations locales ont également du mal à atteindre les populations dans le besoin en raison des pénuries de carburant et de liquidités, a ajouté Ocha.

Le porte-parole de l'organisation, Jens Laerke, a déclaré que sans approvisionnement supplémentaire, "nous ne pourrons rien fournir d'ici fin février". "C'est une alerte très sérieuse que nous recevons (d'Ethiopie) désormais", a-t-il déclaré depuis Genève.

L'acheminement de l'aide est également entravé par un récent regain des combats en Afar, où se trouve la seule route opérationnelle menant au Tigré, où aucun convoi terrestre d'aide humanitaire n'est arrivé depuis le 14 décembre.

Le TPLF a annoncé cette semaine avoir été "obligé" de lancer des opérations militaires "robustes" en Afar, en réponse à des attaques des forces pro-gouvernementales.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a réussi à opérer cette semaine deux vols transportant des fournitures médicales vers la capitale du Tigré, Mekele.

Le TPLF a déclaré cette semaine avoir recensé 369 décès d'enfants de moins de cinq ans attribués au blocus, contre près de 200 en novembre. Ce chiffre n'a pas pu être vérifié de manière indépendante.

M.Magrino--LDdC