Des milliers de Gazaouis déplacés rentrent chez eux au premier jour du cessez-le-feu
Des milliers de Palestiniens déplacés par plus de 15 mois de guerre à Gaza ont pris la route dimanche pour rentrer chez eux au milieu des décombres, avec l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas prévoyant la libération d'otages israéliens.
A la veille du retour à la Maison Blanche de Donald Trump, les armes se sont tues à 09H15 GMT, avec près de trois heures de retard sur l'horaire prévu, le Hamas ayant tardé à fournir la liste de trois femmes otages devant être libérées dans la journée.
Avant même la suspension des hostilités, des milliers de déplacés palestiniens chargés de leurs affaires ont pris la route pour rentrer chez eux, à travers le territoire dévasté, selon des images de l'AFP.
A bord de camionnettes ou à pied, certains tout souriant font le V de la victoire, d'autres partagent des friandises ou brandissent le drapeau palestinien.
Mais à Jabalia à l'extrême nord de Gaza, la joie se mêle à la consternation face au paysage apocalyptique de décombres laissé par une intense opération militaire israélienne.
"Il ne reste plus rien dans le nord, c'est devenu invivable", se lamente Walid Abou Jiab, tout juste rentré chez lui.
- Raids meurtriers à Gaza -
Dans l'intervalle entre le début prévu de la trêve et son entrée en vigueur effective, Israël a mené de nouvelles frappes à Gaza qui ont tué huit Palestiniens selon la Défense civile locale.
Le Hamas a justifié son retard pris pour remettre la liste d'otages par "des complications sur le terrain et la poursuite des bombardements".
Une fois la liste communiquée, Israël a annoncé l'entrée en vigueur du cessez-le-feu à 09H15 GMT, ensuite confirmée par le Qatar.
Selon le médiateur qatari, "trois citoyennes israéliennes, dont l'une est (aussi) de nationalité roumaine et l'autre de nationalité britannique" seront libérées dimanche, des identités confirmées par le Forum des familles d'otages.
- Avertissement de Netanyahu -
Arraché mercredi par les médiateurs -Qatar, Etats-Unis, Egypte-, l'accord ambitionne à terme, selon Doha, de déboucher sur la "fin définitive" de la guerre, déclenchée par l'attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Mais Benjamin Netanyahu a prévenu qu'il s'agissait "d'un cessez-le-feu provisoire", et s'est réservé "le droit de reprendre la guerre si besoin et avec le soutien des Etats-Unis".
Son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, a aussi mis en garde contre une persistance de "l'instabilité régionale" si le Hamas, classé terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, reste au pouvoir à Gaza.
Hostile à la trêve, le parti du ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (extrême-droite) a lui annoncé quitter la coalition au pouvoir, qui reste toutefois majoritaire au Parlement.
Aux termes de l'accord, les hostilités doivent cesser et 33 otages israéliens être libérés, dans une première phase de six semaines.
Trois points d'accueil des otages israéliens ont été installés à la frontière d'Israël avec Gaza, a précisé un responsable militaire.
- "Joie" et "regret" -
Deux Franco-Israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, font partie des 33 otages libérables, selon Paris. Ils ont été enlevés au kibboutz Nir Oz avec plusieurs de leurs enfants, relâchés lors d'une première trêve d'une semaine en novembre 2023.
A Tel-Aviv, Maya Roman, cousine d'un otage déjà libéré et d'un autre, Carmel Gat, mort en captivité, ressent "une joie incroyable et en même temps du regret" pour les captifs tués à Gaza durant les mois pris pour conclure un accord.
Israël a désigné 95 détenus palestiniens libérables dimanche, des femmes et mineurs en majorité, la plupart arrêtés après le 7-Octobre.
Parmi les prisonniers appelés à être libérés figure Zakaria al-Zoubeidi, responsable d'attentats anti-israéliens et ex-leader local de la branche armée du Fatah, arrêté, écroué en 2019.
- 600 camions d'aide -
D'après le président américain Joe Biden, la première phase de l'accord comprend aussi un retrait israélien des zones densément peuplées à Gaza et une augmentation de l'aide humanitaire dans le territoire menacé par la famine selon l'ONU.
Les autorités égyptiennes ont précisé que l'accord prévoyait "l'entrée de 600 camions d'aide par jour".
Pendant la première phase seront négociées les modalités de la deuxième, qui doit permettre la libération des derniers otages, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.
L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée israélienne.
Au moins 46.899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne de représailles à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.
Considérablement affaibli, le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, est toutefois encore loin d'être anéanti, contrairement à l'objectif qu'avait fixé Benjamin Netanyahu, selon des experts.
F.Abate--LDdC