Deuxième jour du procès Lelandais, son parcours chaotique passé au crible
La cour d'assises de Grenoble poursuit mardi le décryptage de la personnalité de Nordahl Lelandais, jugé pour le meurtre en 2017 de la petite Maëlys, avec l'audition de plusieurs témoins, dont son frère.
Comme la veille, le convoi transportant l'accusé âgé de 38 ans depuis le centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), à environ une heure de route de Grenoble, est arrivé au palais de justice peu avant 08H00.
Le public, toujours nombreux, se pressait déjà aux portes du bâtiment dans l'espoir d'assister à ce procès médiatisé.
Maëlys De Araujo, huit ans, avait disparu dans la nuit du 26 au 27 août 2017 lors d'une soirée de mariage dans la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin (Isère).
Rapidement soupçonné, Nordahl Lelandais avait été confondu en février 2018 par la découverte d'une tâche de sang dans le coffre de sa voiture. Il avait alors admis l'avoir tuée "involontairement", puis avait conduit les enquêteurs jusqu'aux restes de la victime.
Cet examen "est très important", a estimé à son arrivée au palais de justice l'avocat de la mère de Maëlys, Me Fabien Rajon, qui attend beaucoup des experts pour établir "le niveau de dangerosité" de Nordahl Lelandais.
"Le cœur de cette affaire est de savoir si oui ou non il y a (eu) des sévices sexuels infligés à Maëlys. Nous, nous avons notre conviction sur ce sujet, mais c’est à la cour de se prononcer", a-t-il ajouté, alors que les poursuites pour viol ont été écartées pendant l'instruction faute d’élément.
Première témoin du jour, une ex-compagne âgée de 34 ans s'est avancée à la barre vêtue de noir et les cheveux teints en blond. Elle a fréquenté l'accusé environ six mois en 2013-2014, période durant laquelle Nordahl Lelandais a selon elle filmé et diffusé à son insu des vidéos de leurs ébats intimes. "J'appelle ça un viol interactif", a-t-elle lancé. "C'est un non-respect de la femme, c'est ce qui l'amène aussi ici", a-t-elle estimé.
Selon elle, leur séparation a été "très compliquée", émaillée de "menaces" de la pousser du haut d'une montagne ou de lui "faire bouffer le carrelage", ainsi que de brutalités.
"Dans une histoire, il y a deux versions", a répliqué Nordahl Lelandais depuis son box. "C'est vrai qu'on s'est chamaillés", a-t-il lâché.
- "Bulle familiale" -
Le frère de l'accusé, Sven Lelandais, devrait témoigner dans l'après-midi. Il avait tenté la veille d'obtenir de la Cour d'être dispensé, arguant n'avoir "rien à voir" ni avec son frère, ni à propos de cette affaire, mais cette requête lui a été refusée.
Lundi, les débats s'étaient ouverts avec une enquêtrice de personnalité, Adeline Sendra, qui a longuement détaillé le parcours de l'accusé, marqué par des échecs tant sur le plan professionnel que sentimental.
Pourtant, "il n'y a pas de point de rupture mais plutôt une constante dans son parcours professionnel et sentimental, avec une bulle familiale très +soutenante+", a-t-elle noté, ne relevant "aucune difficulté majeure durant l'enfance et l'adolescence".
C'est "quelqu'un qui ne supporte pas l'autorité, colérique, mais la violence ce n'est pas quelque chose qui ressort" des témoignages de son entourage, selon elle.
A la barre, sa mère Christiane Lelandais s'est pour sa part souvenue d'un enfant "sage", "doux et gentil", qui "aimait la nature", "la pêche", "les balades dans les bois".
Au moment des faits, sur la période 2016-2017, la retraitée de 73 ans a expliqué avoir été totalement accaparée par la grave maladie de son mari et n'avoir pas observé de changement dans le comportement de son fils. Elle a également mis en cause "ces histoires de drogues, d'alcool, qui l'ont entraîné dans ce délire".
A l'ouverture des débats lundi matin, Nordahl Lelandais avait tenu à "présenter (ses) excuses" à la famille de la fillette et promis de "(s)'expliquer sur les faits au cours de l'audience".
L'accusé sera également jugé pour agressions sexuelles à l'encontre de deux petites-cousines âgées à l'époque de cinq et six ans, ainsi que pour détention et enregistrement d’images pédopornographique.
Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer, Nordahl Lelandais n'avait pas fait appel. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Verdict attendu autour du 18 février.
F.dGiugiaro--LDdC