Ultime montée des marches et suspense à son comble avant le palmarès cannois
Les probables lauréats ont commencé à monter les marches une dernière fois samedi soir à Cannes pour la cérémonie de clôture du 75e Festival de Cannes, où le suspense est à son comble avant le palmarès.
Qui succèdera à "Titane", Palme d'Or punk et gore qui avait secoué la Croisette l'an dernier ? Entre un jeune réalisateur qui interroge la masculinité ("Close"), un thriller sud-coréen ou encore le film des frères Dardenne qui pourrait obtenir un triplé inédit, les jeux sont très ouverts avant la cérémonie de clôture, qui débute à 20H30 (18H30 GMT).
Retransmise sur France 2 et la chaîne en ligne Brut, elle culminera avec la remise de la Palme d'Or par le jury de Vincent Lindon, qui a délibéré dans le plus grand secret pour départager les 21 films en compétition. Il tâchera de ne pas se prendre les pieds dans le tapis comme son prédécesseur Spike Lee qui, en 2021, révélait par mégarde la Palme d'or au début de la cérémonie.
Seul indice, les équipes de films qui montent les marches sont, selon toute probabilité, celles qui ont été rappelées par les organisateurs et figureront, d'une façon ou d'une autre au palmarès.
Parmi eux, le réalisateur Tarik Saleh, tout sourire sur les marches. Ce Suédois de 50 ans né d’un père égyptien, a épaté la Croisette avec "Boy From Heaven", un thriller qui plonge dans les eaux troubles de la religion et de la politique en Egypte, au sommet de l'université Al-Azhar du Caire, la principale institution de l'islam sunnite.
Le film a déjà reçu dans la journée le prix François Chalais, qui récompense un film qui traduit "au mieux la réalité du monde".
- Les Belges en force -
Les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne ont également foulé le tapis rouge, eux qui pourraient entrer dans l'histoire du cinéma en décrochant leur troisième Palme d'Or: ils sont en lice avec "Tori et Lokita", odyssée tragique de deux jeunes exilés, dans la plus pure tradition de leur réalisme social.
"C'est super, c'est génial, je suis très excité d'être ici !", s'est exclamé, à l'autre extrémité de la pyramide des âges, le jeune Eden Dambrine, 15 ans, sur lequel nombre de festivaliers ont placé un billet pour un prix d'interprétation: il a subjugué la Croisette dans le drame vibrant "Close" de Lukas Dhont, son premier rôle au cinéma.
La Belgique est très représentée au palmarès puisque le couple de cinéastes formé par Charlotte Vandermeersch et Felix van Groeningen ("Les Huit Montagnes") est également là.
Ruben Ostlund, palmé en 2017 pour "The Square" et qui tente un doublé avec "Sans Filtre", croisement punk de "Titanic" et "La Grande Bouffe" et satire acide des ultra-riches qui a fait exploser de rire la Croisette, est présent aussi: "C'est un peu comme si on était à la maison", a plaisanté le Suédois en montant les marches, avec une de ses actrices, la Philippine Dolly De Leon.
Sont là aussi l'équipe de l'ovni "EO (Hi Han)", un manifeste poétique et animaliste suivant le parcours d'un âne, signé du grand nom du cinéma polonais Jerzy Skolimowski, ainsi que le Sud-Coréen Park Chan-Wook qui pourrait avec "Decision to Leave", thriller virtuose, rapporter avec une deuxième Palme d'or à la Corée du Sud, trois ans après "Parasite".
Tous ces films ont été départagés par Vincent Lindon et ses jurés, dont l'actrice et réalisatrice Rebecca Hall ("Vicky Cristina Barcelona"), la révélation de "Millenium" Noomi Rapace, les réalisateurs Asghar Farhadi (Grand prix 2021 avec "Un héros"), Ladj Ly ("Les misérables", prix du jury 2019) et Joachim Trier ("Julie en 12 chapitres").
Les surprises sont toujours possibles au terme d'un festival qui comptait en compétition un réalisateur russe en rupture avec le régime de Vladimir Poutine, Kirill Serebrennikov, qui a promis de garder la guerre en Ukraine à l'esprit.
G.Tomaselli--LDdC