Le changement climatique met les bourdons sous pression, selon une étude britannique
Les bourdons sont mis en difficulté par le changement climatique, ont indiqué jeudi des chercheurs britanniques qui ont étudié l'évolution physique de ces insectes pollinisateurs sur plus d'un siècle.
En étudiant des bourdons conservés dans des musées et institutions du Royaume-Uni, des chercheurs du Imperial College London ont constaté que les insectes développaient des asymétries au niveau de leurs ailes quand la météo les mettait en difficulté.
Leur étude, qui s'est intéressée à des bourdons de quatre espèces conservés depuis 1900, montre que l'asymétrie de leurs ailes -synonyme de stress lors du développement- s'est accentuée au cours du XXe siècle.
Les chercheurs ont ainsi remarqué que les bourdons développaient des asymétries plus fréquentes et plus marquées les années où les conditions climatiques avaient été particulièrement chaudes et humides.
"Notre objectif est de mieux comprendre les réponses (des bourdons) à des facteurs environnementaux spécifiques, pour apprendre du passé afin de prédire le futur", a expliqué Andres Arce, co-auteur de l'étude.
"Nous espérons être capables de prévoir où et quand les bourdons seront le plus à risque pour cibler des mesures efficaces", a-t-il ajouté.
"On prévoit que des conditions plus chaudes et plus humides vont mettre les bourdons sous pression, et le fait que ces conditions deviennent plus fréquentes avec le changement climatique signifie que les bourdons risquent de connaître des temps difficiles au cours du 21e siècle", a prévenu Richard Gill, co-auteur de l'étude au Imperial College.
Dans une deuxième étude également publiée jeudi, des chercheurs du musée d'histoire naturelle de Londres ont réussi à séquencer les génomes (l'information génétique) de plus de cent bourdons conservés parfois depuis plus de 130 ans, en utilisant pour la première fois sur des insectes des méthodes d'habitude réservées aux mammouths et hommes préhistoriques.
Ils vont désormais pouvoir étudier comment ces génomes ont évolué avec le temps et voir si les espèces se sont adaptées -ou non- aux changements environnementaux.
Les insectes sont les principaux pollinisateurs dans le monde : 75% des 115 principales cultures dépendent de la pollinisation animale, dont le cacao, le café, les amandes ou les cerises, selon l'Onu.
Dans un rapport emblématique publié en 2019, des scientifiques avaient conclu que près de la moitié de toutes les espèces d'insectes dans le monde est en déclin, et qu'un tiers pourrait disparaître d'ici à la fin du siècle.
A.Mariani--LDdC