La Domenica Del Corriere - Mobilités: le Grand Est reprend la main sur 500 km de routes "stratégiques"

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Mobilités: le Grand Est reprend la main sur 500 km de routes "stratégiques"
Mobilités: le Grand Est reprend la main sur 500 km de routes "stratégiques" / Photo: JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN - AFP/Archives

Mobilités: le Grand Est reprend la main sur 500 km de routes "stratégiques"

La Région Grand Est "reprend en main le destin" de 500 kilomètres de routes "stratégiques", une expérimentation pour cinq ans au cours de laquelle elle veut mettre en place une éco-redevance pour les poids lourds qui financera ses travaux d'entretien.

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Ces portions de route et d'autoroute, engorgées ou mal entretenues par l'Etat, comprennent la stratégique autoroute A31, qui va vers le Luxembourg, ou la route nationale 4. Elles sont redevenues de la compétence de la région le 1er janvier.

"Il y a une saturation forte de ces axes" qui "n'ont pas fait l'objet de suffisamment d'investissements notamment en matière de régénération" par l'Etat lorsqu'il en était le gestionnaire, estime auprès de l'AFP Thibaud Philipps, vice-président à la Région en charge des transports.

Un million d'euros est notamment prévu pour "réaliser des études" sur l'A31, "point névralgique" en Lorraine qui permet la jonction avec le Luxembourg, où vont travailler chaque jour plus de 100.000 frontaliers français, un chiffre qui devrait fortement augmenter, selon Franck Leroy, président de la Région.

Outre des projets de réfection des chaussées, des équipements attendus parfois depuis des décennies doivent être mis en place par la Région, comme des protections acoustiques en bord d'A31 en Meurthe-et-Moselle. "On reprend en main le destin" des routes, assure M. Philipps.

- Triplement du budget annuel -

D'une manière générale, les chaussées seront refaites "un peu partout" selon Thibaud Philipps, avec un budget de 92 millions d'euros en investissement pour 2025, près de "trois fois plus" que ce qui était prévu par l'Etat.

Concrètement, 75 km de route seront régénérés pour 34 millions d'euros cette année.

Un budget annexe a été voté, de manière à ce que cela n'influe pas le financement d'autres projets. Une éco-redevance poids lourds, qui sera mise en place en 2027, permettra de financer les travaux et l'entretien des routes, selon la Région, qui a en attendant recours à des emprunts d'équilibre, en plus des quelque 32 millions d'euros fournis par l'Etat au titre du droit à compenser.

"Nombre de points noirs sont identifiés, et font bien souvent l'objet de projets qui sont dans les cartons depuis parfois une trentaine d'années", déplore M. Philipps.

La reprise de la gestion de certaines routes nationales par les régions a été rendue possible par la loi 3DS (différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification) votée en février 2022.

A ce jour, seules les régions Grand Est et Auvergne-Rhône-Alpes tentent l'expérimentation. Cette dernière reprend la gestion de 756 km de routes nationales non concédées en Auvergne et dans le couloir rhodanien.

Une "expérimentation extrêmement importante" pour la collectivité, avait souligné en décembre le vice-président en charge des Transports de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Frédéric Aguilera.

"On est convaincu que dans un territoire qui mêle à la fois des grandes métropoles et des territoires très ruraux, ne pas opposer les mobilités, s'occuper des routes nationales, c'est un enjeu majeur d'aménagement du territoire, de développement économique et de décarbonation pour l'ensemble de notre région", avait-il résumé.

- Eco-taxe "prometteuse" -

Dans le Grand Est, l'expérimentation a été votée à la majorité lors d'un Conseil régional en décembre. La plupart des oppositions, et notamment les Ecologistes, ont voté pour. Mais le groupe "RN et apparentés" s'est dit contre.

Pour le président du groupe, Laurent Jacobelli, le Grand Est n'a pas "les moyens d'entretenir les routes". Il est aussi farouchement opposé à l'éco-redevance poids lourds, qui "risque de favoriser les grandes entreprises, souvent étrangères, au détriment de nos structures familiales ou nationales".

Selon la Région, entre 60% et 90% des poids lourds circulant sur les axes concernées par cette sorte d'éco-taxe sont étrangers.

Un système similaire existe déjà dans les pays frontaliers, Belgique, Luxembourg et Allemagne.

Le groupe Les Ecologistes a lui jugé "prometteuse pour la transition écologique et la justice territoriale" la mise en place de l'éco-contribution des poids-lourds.

La Collectivité européenne d'Alsace prévoit elle aussi d'instaurer une taxe (appelée R-pass) sur les poids lourds de plus de 3,5 tonnes à partir de début 2027 sur l'autoroute A35, qui traverse la région du nord au sud. En effet, en raison d'une fiscalité onéreuse sur les autoroutes allemandes, un flux important de camions effectue le détour par l'Alsace.

F.R.Mezzatesta--LDdC