Forte hausse du chômage en France sur fond de difficultés économiques
Plus de doutes, la remontée du chômage se confirme en France: le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à France Travail a connu une hausse marquée au quatrième trimestre 2024 sur fond du difficultés des entreprises, le Medef appelant le gouvernement à ne pas alourdir "le coût du travail".
Le nombre de demandeurs d'emploi sans activité (catégorie A) inscrits à France Travail a augmenté de 3,9% au quatrième trimestre par rapport au troisième trimestre, la plus forte remontée du chômage en France (hors Mayotte) en une décennie en dehors de la crise du Covid, selon les chiffres publiés lundi par le ministère du Travail.
Chez les jeunes de moins de 25 ans, la hausse atteint 8,5% sur le trimestre en France métropolitaine (contre 4% en moyenne dans l'Hexagone), précise le département des études du ministère (Dares).
Dans la France entière, le nombre de chômeurs de catégorie A atteint 3,138 millions au 4e trimestre, soit 117.000 chômeurs de plus sur un trimestre. Une part de cette hausse (+36.000) est toutefois due au basculement de demandeurs d'emploi de catégorie B ou C - activité réduite- vers la catégorie A.
En incluant l'activité réduite (Catégories A, B et C), le nombre des demandeurs d'emploi augmente de 1,7% à 5,495 millions sur le trimestre, et de 1,8% sur un an.
Ces chiffres marquent "une vraie rupture: on ne s'attendait pas à ce que ça soit bon, mais là c'est très mauvais", a réagi pour l'AFP Mathieu Plane, directeur adjoint du département Analyse et prévision à l'OFCE.
-"préférence pour le chômage"-
Les principaux organismes économiques s'attendent à une hausse cette année en France. Dans sa dernière note de conjoncture mi-décembre, l'Insee a estimé que le taux de chômage (mesuré au sens du BIT et permettant des comparaisons internationales) devrait passer de 7,4% actuellement à 7,6% de la population active d'ici à la mi-2025. Le taux de chômage du quatrième trimestre est attendu le 11 février.
Pour le Medef, ces chiffres doivent "faire prendre conscience au gouvernement des conséquences de ses choix budgétaires". L'organisation patronale appelle dans un communiqué à éviter "toutes mesures qui entraveraient la compétitivité et alourdiraient le coût du travail".
Citant en exemple l'Italie et le Portugal qui sont parvenus à contenir le chômage tout en réduisant les dépenses publiques, le Medef appelle le gouvernement à "s'inscrire dans une stratégie économique similaire" et à ne pas "renouer avec une préférence française pour le chômage".
"Il est plus que jamais essentiel de ne pas sacrifier les entreprises sur l’autel du compromis politique", a renchéri la CPME.
Mathieu Plane constate une "remontée des faillites" et relève que l'ajustement budgétaire est attendu "avec beaucoup d'incertitude, qui a été renforcée par la censure", les entreprises anticipant la fin ou le rabotage de certaines aides, comme sur l'apprentissage.
"L'apprentissage qui coûte 24 milliards d'euros (par an en aides publiques) et les mesures successives prises depuis 2017 n'empêchent pas la paupérisation des jeunes", a jugé la CGT dans un communiqué qui constate que la part des chômeurs indemnisés, déjà inférieure à un sur deux, a reculé de 0,6% sur un trimestre.
Autre signe inquiétant, l'Urssaf a rapporté la semaine dernière que les déclarations d'embauche sont reparties à la baisse au quatrième trimestre, perdant 2,4% par rapport au trimestre précédent.
Dans le meilleur des cas, la brusque remontée du chômage pourrait être liée à un facteur conjoncturel, alors que les Jeux olympiques avaient soutenu l'emploi durant l'été.
"Est-ce qu'on est sur une tendance très haussière et ou est-ce que c'est juste la quatrième trimestre qui est mauvais ?", s'interroge Mathieu Plane.
Tous ces chiffres sont "cohérents avec ceux des faillites et des plans sociaux", relève Nathalie Chusseau, économiste à l’université de Lille. Elle note aussi que l'environnement international, déjà dégradé avec la récession en Allemagne, connaît désormais des incertitudes encore plus grandes après l'arrivée de Donald Trump aux Etats-Unis et ses menaces de guerres commerciales.
F.R.Mezzatesta--LDdC