

L'Equateur réduit ses exportations de pétrole après une grave fuite d'hydrocarbures
La compagnie pétrolière publique équatorienne Petroecuador a déclaré mardi en situation d'urgence son principal oléoduc et a réduit ses exportations de brut en raison d'une fuite qui a gravement pollué plusieurs rivières et privé d'eau potable des dizaines de milliers d'habitants du nord-ouest du pays.
Petroecuador a annoncé qu'elle suspendait ses exportations de brut de la variété Oriente (l'une des deux que produit le pays avec la variété de moindre qualité Napo) pour cas de force majeure, une cause qui devrait lui éviter de se voir infliger des pénalités par ses clients pour violation de contrat.
La déclaration d'urgence "ne dépassera pas 60 jours et vise (...) à allouer toutes les ressources nécessaires pour minimiser l'impact de ce cas de force majeure sur l'exploration, l'exploitation, le transport et la commercialisation des hydrocarbures", a déclaré la compagnie dans un communiqué.
Provoquée le 13 mars par un glissement de terrain, la fuite a libéré dans la nature des dizaines de milliers de barils de pétrole brut qui ont pollué au moins cinq cours d'eau, dont le fleuve Esmeraldas, et la côte de l'océan Pacifique.
"Nous parlons de 500.000 personnes affectées", a déclaré à la télévision Teleamazonas Vicko Villacis, le maire d'Esmeraldas, capitale de la province du même nom. Il a estimé la quantité de pétrole déversée à environ 200.000 barils.
Petroecuador, de son côté, n'a pas fourni d'estimation.
- Mélange de pétrole et d'eau -
En raison de la pollution, "il n'y a pas de formes de vie dans l'eau" des rivières Caple et Viche où "circule un mélange de pétrole et d'eau", a indiqué le biologiste marin Eduardo Rebolledo, de l'Université catholique d'Esmeraldas, à la chaîne de télévision Ecuavisa.
Or dans cette zone où "le service d'eau potable est limité, les gens dépendent beaucoup des rivières", souligne-t-il.
Des milliers d'habitants vivent notamment de la pêche.
Amarrés, certains bateaux de pêche et leurs filets étaient couverts de pétrole, a constaté l'AFP.
"Si cela continue ainsi, on ne pourra plus pêcher", s'inquiète Luis Cabezas, un habitant de Rocafuerte.
Les autorités ont déclaré dimanche l'état d'urgence environnementale dans toute la province et notamment dans une zone protégée abritant plus de 250 espèces animales, en particulier des loutres, des singes hurleurs, des tatous, des frégates et des pélicans.
L'entreprise publique Petroecuador, responsable de l'oléoduc, a recours à des camions-citernes pour récupérer le pétrole déversé dans la localité de Quinindé.
Trois navires transportant de l'eau potable sont attendus au port d'Esmeraldas, selon la société.
Vendredi, Petroecuador avait annoncé l'activation d'un plan pour contrôler la fuite sur l'oléoduc endommagé, qui fait partie du réseau transéquatorien (SOTE) acheminant l'or noir dans le pays depuis l'Amazonie.
L'Equateur produit quelque 475.000 barils de pétrole par jour, l'un de ses principaux produits d'exportation qui lui ont rapporté 8,6 milliards de dollars en 2024.
M.Renzulli--LDdC