Cinq morts en Russie et un à Kiev dans des frappes de missiles croisées
Cinq personnes sont mortes vendredi dans une frappe ukrainienne sur la région frontalière russe de Koursk, quelques heures après une attaque russe contre Kiev qui a tué une personne et endommagé des missions diplomatiques.
En Russie, cette frappe de missiles ukrainiens, qualifiée de "massive" par le gouverneur régional, a notamment touché un centre culturel, une école, un établissement d'enseignement supérieur et des bâtiments résidentiels dans la ville de Rylsk, qui compte environ 15.000 habitants.
"Cinq personnes ont été tuées, il n'y avait pas d'enfant parmi elles; 12 personnes ont été blessées: neuf d'entre elles ont été hospitalisées" sans que leur vie ne soit en danger, a indiqué samedi matin le gouverneur Alexandre Khinchteïn sur Telegram, précisant que le précédent bilan de six morts était "incorrect".
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux russes montrent de nombreux véhicules en feu, des débris jonchant les rues et des bâtiments aux fenêtres ou aux toits éventrés.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a indiqué à l'agence TASS que la Russie réclamera d'évoquer cette frappe ukrainienne lors de la prochaine réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.
Selon l'armée de l'air ukrainienne, les forces russes ont tiré sur Kiev cinq missiles balistiques Iskander, tous abattus, et 65 drones explosifs, dont 40 ont été abattus.
Selon le maire Vitali Klitschko, des "débris" de missiles sont tombés sur trois quartiers de Kiev, touchant notamment le centre où le toit d'un immeuble de bureaux de luxe a été partiellement détruit et provoquant es coupures de chauffage qui ont duré plusieurs heures.
Une personne a été tuée et 13 blessées, selon le dernier bilan des autorités locales.
- "Attaque barbare" -
Six missions diplomatiques situées dans le même immeuble ont été endommagées: celles de l'Albanie, de l'Argentine, de l'Autorité palestinienne, de la Macédoine du Nord, du Portugal et du Monténégro, a indiqué la diplomatie ukrainienne, dénonçant une "attaque barbare".
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dénoncé "une nouvelle attaque odieuse contre Kiev".
Le gouvernement portugais a également condamné l'attaque "avec véhémence" dans un communiqué et convoqué le chargé d'affaires russe.
Kiev, qui comptait plus de trois millions d'habitants avant l'invasion russe lancée en février 2022, est régulièrement visée par des missiles et des drones explosifs mais les dégâts d'ampleur y sont plutôt rares, surtout dans le centre, la ville étant relativement bien protégée par la défense antiaérienne.
Viktoria, une docteure qui habite dans le quartier touché, s'est précipitée dans l'abri anti-bombes de son immeuble après l'avertissement de l'armée sur une frappe imminente.
"Même dans l'abri, des briques sont tombées sur ma tête. C'est tout simplement horrible quand les gens commencent à arriver en courant depuis la rue", a-t-elle raconté à l'AFP, clamant que les Russes "devraient brûler en enfer!"
- "Duel technologique" -
L'armée russe a de son côté dit avoir attaqué Kiev "en réponse" à une frappe menée mercredi par l'Ukraine avec des missiles occidentaux contre une usine russe.
Elle a précisé avoir visé un site des services spéciaux des services spéciaux ukrainiens et un bureau d'études qui conçoit des missiles.
Après près de trois ans de guerre, le président russe Vladimir Poutine a juré que Moscou répondrait à toutes les attaques ukrainiennes contre le sol russe menées à l'aide de missiles occidentaux, agitant même la menace de relancer son nouveau missile "Orechnik".
"Vous savez que de telles frappes sur le territoire russe ont été effectuées, et vous savez que le président a dit qu'il y aurait une réponse à chaque fois", a dit vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Cette attaque sur Kiev est survenue après un échange de piques entre le président russe et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Vladimir Poutine a proposé jeudi lors de sa grande conférence de presse annuelle un "duel" entre son missile "Orechnik", qu'il a suggéré de tirer sur la capitale ukrainienne, et des moyens de défense antiaérienne occidentaux.
"Nous organisons une telle expérience, un tel duel de hautes technologies, et nous allons voir ce qui va se passer. C'est intéressant", a-t-il dit.
"Des gens meurent, et il pense que c'est +intéressant+... Connard", a fulminé le président Zelensky sur X.
L'armée russe a par ailleurs bombardé à l'aube Kherson, grande ville du sud du pays. Au moins deux personnes ont été tuées et dix blessées.
Dans l'est de l'Ukraine, où l'armée russe avance rapidement ces derniers mois, elle a annoncé vendredi avoir pris deux petits villages près de la ville clé de Pokrovsk.
V.Tedeschi--LDdC