Reportée, l'annonce du gouvernement toujours attendue lundi soir
La présentation du quatrième gouvernement en 2024 est toujours attendue lundi soir, épilogue d'une dizaine de jours de tractations entre François Bayrou et Emmanuel Macron, alors que la France se recueille à la veille des fêtes de Noël pour Mayotte, ravagée par un cyclone.
Aucune annonce n'est à attendre avant 18H00 lundi, a dit l'Élysée, laissant entrevoir la possibilité que le gouvernement soit connu en cette fin de journée.
Matignon, de son côté, a fait savoir que le Premier ministre se rendrait à 16h30 au centre interministériel de crise sur Mayotte, au ministère de l'Intérieur, à proximité immédiate du palais présidentiel.
Décrétée journée de deuil national par le président Emmanuel Macron pour l'archipel dévasté par le cyclone Chido, lundi est une journée délicate pour annoncer un gouvernement mais ce dernier reste promis "avant Noël" mercredi.
Très émue, la députée (Liot) de Mayotte, Estelle Youssouffa s'était dite quelques heures plus tôt "indignée" que "la petite tambouille parisienne continue" en ce jour de deuil, alors que la population de Mayotte "n'a pas d'eau, n'a pas vu de secours". "C'est tellement méprisant, tellement grave, tellement médiocre, qu'on n'a plus les mots", a-t-elle déclaré sur France Inter.
De nominations de Premiers ministres en remaniements, la classe politique s'est habituée à devoir patienter au gré des ajustements de calendriers de l'exécutif.
"Cette durée de ce casting par rapport aux urgences du pays, aux crises que l'on traverse, c'est insupportable", a critiqué le député RN Jean-Philippe Tanguy sur BFMTV-RMC, dénonçant "toujours le même sketch".
- Poids lourds -
Le leader centriste, 73 ans, quatrième Premier ministre en 2024, espère composer un gouvernement de poids lourds, à même d'éviter la censure, avec à la fois des personnalités de droite, du centre et de gauche.
Son entourage avait fait savoir dimanche qu'il en était "aux derniers réglages de son gouvernement". Plusieurs échanges téléphoniques avec Emmanuel Macron ont eu lieu dimanche, ainsi qu'un entretien dans la soirée à l'Élysée.
"Cela avance. (...) La structuration des grands pôles ministériels est fixée", avait assuré durant le week-end le président des députés MoDem Marc Fesneau, proche de François Bayrou, confirmant que la liste complète du gouvernement devrait être présentée "en une seule fois" et "avant Noël".
Mais la composition d'un gouvernement répond à un subtil dosage devant notamment respecter les équilibres politiques, la parité entre hommes et femmes, et les susceptibilités. Les ministres devront surtout préparer dans l'urgence un budget pour 2025, sous la pression des oppositions et des marchés financiers.
Les noms de l'ex-Première ministre Élisabeth Borne ou de l'ex-ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sont évoqués pour entrer dans l'équipe de François Bayrou, tout comme celui de Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France et figure du parti de droite Les Républicains (LR).
Ce dernier, cité pour la Justice, est un irritant pour le RN, qu'il a longtemps combattu. D'autant que Marine Le Pen attend son jugement, avec une éventuelle inéligibilité, dans le procès des assistants du Parlement européen.
"C'est un très mauvais signe qui est fait", a grincé Jean-Philippe Tanguy (RN), répétant néanmoins que l'entrée de Xavier Bertrand au gouvernement n'entraînerait pas censure immédiate du parti d'extrême droite.
Quant à Gérald Darmanin, ex-LR rallié à la macronie, il a publiquement fait acte de candidature pour le Quai d'Orsay où l'actuel ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (MoDem) aimerait rester.
- Engagement écrit -
A gauche, l'ancien ministre socialiste François Rebsamen, 73 ans, a annoncé être "prêt" à rejoindre le gouvernement, vantant sa "relation de confiance" de longue date avec François Bayrou.
Mais rien ne filtre ou presque sur d'autres personnalités issues de la gauche qui pourraient être tentées de rejoindre François Bayrou.
Le parti socialiste a formellement refusé de participer au gouvernement et son chef Olivier Faure s'est dit "consterné de la pauvreté de ce qui (a été) proposé", n'excluant pas de censurer le tout nouveau Premier ministre, allié de la première heure d'Emmanuel Macron.
Parmi les sortants, Catherine Vautrin (Territoires), Rachida Dati (Culture) et Sébastien Lecornu (Armées) devraient rester, probablement aux mêmes portefeuilles.
Du côté des LR, ils ont obtenu lundi l'engagement écrit du Premier ministre notamment sur des "économies" budgétaires et l'encouragement du "travail par tous les moyens", auquel ils avaient conditionné leur participation au gouvernement.
Laurent Wauquiez, patron des députés LR, a renoncé à entrer dans l'équipe, faute d'avoir obtenu le portefeuille des Finances. En revanche, le ministre sortant de l'Intérieur Bruno Retailleau est bien parti pour rester.
Le socle gouvernemental du centriste serait finalement assez proche de celui du LR Michel Barnier, renversé le 4 décembre par une motion de censure de l'Assemblée nationale, après trois mois en poste.
T.Bianchi--LDdC