Syrie: des délégations étrangères à Damas pour rencontrer le nouveau dirigeant
Deux semaines après la chute de Bachar al-Assad, les délégations étrangères continuent de se succéder à Damas où le nouveau dirigeant syrien a reçu lundi le chef de la diplomatie jordanienne Ayman Safadi et des délégations qataries et italiennes.
Après avoir rencontré dimanche le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, et une délégation saoudienne de haut rang, Ahmad al-Chareh s'est entretenu lundi avec M. Safadi, venu exprimer le "soutien" de son pays à la reconstruction de la Syrie, exsangue après 13 ans d'une guerre dévastatrice.
M. Chareh a reçu également une importante délégation du Qatar avec à sa tête le ministre d'Etat aux Affaires étrangères, Mohammed ben Abdelaziz al-Khoulaifi.
M. Safadi est le premier haut responsable jordanien à se rendre en Syrie depuis la chute de Bachar al-Assad au terme d'une offensive fulgurante d'une coalition de rebelles menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), dirigé par Ahmad al-Chareh.
La télévision d'Etat jordanienne Al-Mamlaka a fait état de discussions sur les opportunités de collaboration dans divers domaines, tels que le commerce, la gestion des frontières, l'aide humanitaire ou la sécurité.
Le responsable jordanien a exprimé son soutien à "un gouvernement qui représente toutes les tendances en Syrie", ainsi qu'à "une nouvelle Constitution", ajoutant que "les pays arabes étaient d'accord pour soutenir la Syrie à ce stade sans aucune ingérence extérieure".
La Jordanie, qui borde la Syrie au sud, accueille quelque 680.000 réfugiés syriens qui sont enregistrés auprès du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés, mais Amman affirme avoir reçu environ 1,3 million de déplacés par la guerre en Syrie.
Depuis la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, près de 13.000 Syriens sont rentrés chez eux à travers les frontières jordaniennes, selon le ministère jordanien de l'Intérieur.
- "Vastes investissements" -
La délégation qatarie a atterri lundi à l'aéroport de Damas, "à bord du premier avion de Qatar Airways à atterrir à l'aéroport syrien" depuis la chute de l'ancien président, a écrit sur X le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari.
"Cette visite intervient après une rupture diplomatique d'environ 13 ans due aux tentatives brutales de l'ancien régime de réprimer la révolution du peuple syrien", a indiqué le ministère dans un communiqué.
Elle souhaite "réaffirmer (...) l'engagement indéfectible du Qatar" face au "peuple syrien (...) tout en respectant la souveraineté, l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale" du pays, poursuit le texte.
"La partie qatarie a exprimé sa disposition à lancer de vastes investissements en Syrie dans divers domaines, en particulier dans le secteur de l'énergie", a déclaré M. Chareh aux journalistes, à l'issue de l'entretien.
"La Syrie et son peuple ont besoin de soutien en cette étape importante (...) Cela demande des efforts concertés de tous, notamment en ce qui concerne la levée des sanctions et les projets de développement à venir", a dit de son côté M. Khoulaifi.
Un responsable qatari a indiqué à l'AFP qu'une "équipe technique" accompagne la délégation "pour évaluer la capacité de l'aéroport de Damas à reprendre ses opérations".
"Le Qatar a proposé de fournir un soutien technique pour la reprise des vols commerciaux et de fret, ainsi que d'assurer la maintenance de l'aéroport pendant la phase de transition", a ajouté ce responsable.
"Je crois que la réunion est en cours, cette mission diplomatique est confirmée", a déclaré de son côté le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani lors d'une visite au Kosovo, selon l'agence de presse ANSA. "Nous voulons jouer un rôle actif dans la réunification de la situation en Syrie, dans la pacification et la stabilisation".
Par ailleurs, une source proche du gouvernement saoudien a indiqué lundi à l'AFP qu'une délégation de haut rang avait également rencontré, dimanche à Damas, M. Chareh, le premier contact officiel connu entre le gouvernement saoudien et la nouvelle administration syrienne.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a pour sa part exprimé lundi son soutien à la souveraineté de la Syrie après la chute de son allié Bachar al-Assad, tout en affirmant ne "pas (avoir) de contact direct" avec les nouveaux dirigeants syriens.
L.Giordano--LDdC