Le cabinet de sécurité israélien donne son feu vert à l'accord de trêve à Gaza
Le cabinet de sécurité israélien a donné vendredi son feu vert à l'accord de cessez-le-feu avec le Hamas dans la bande de Gaza, ouvrant la voie au début de la trêve dimanche et à la libération le même jour des premiers otages.
Malgré l'annonce d'un accord par le Qatar et les Etats-Unis, l'armée israélienne a poursuivi ses frappes aériennes sur le territoire palestinien, qui ont fait plus de cent morts depuis mercredi, selon les secours.
Après le feu vert du cabinet de sécurité, un conseil des ministres doit se réunir dans la journée pour donner son accord final, qui ne semble pas faire de doute malgré l'opposition de ministres d'extrême droite.
L'accord destiné à mettre fin à plus de 15 mois de guerre prévoit dans une première phase de six semaines la libération de 33 otages retenus dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023, en échange de centaines de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
La fin définitive de la guerre sera négociée durant cette première phase.
Le cabinet de sécurité s'est réuni vendredi après l'obtention par Israël de garanties sur la libération des otages, selon le bureau de M. Netanyahu.
De premières libérations devraient avoir lieu dimanche, a annoncé le gouvernement. Les familles des otages ont été informées et des préparatifs étaient en cours pour les accueillir.
Selon deux sources proches du Hamas, le premier groupe devrait être composé de trois femmes israéliennes.
En échange, Israël a accepté "de libérer un certain nombre de prisonniers d'importance", a indiqué une de ces sources.
Les autorités israéliennes ont annoncé vendredi avoir pris des mesures pour "prévenir toute manifestation publique de joie" à l'occasion de ces sorties de prison, dont les détails doivent encore être confirmés de source israélienne.
Le président français, Emmanuel Macron, a annoncé que deux Franco-israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, figuraient dans la liste des 33 premiers otages libérables.
Tous deux avaient été enlevés dans le kibboutz Nir Oz avec plusieurs de leurs enfants, qui ont été libérés lors de la première trêve en novembre 2023.
"C'est le moment que nous attendions (...), j'espère vraiment que nous verrons mon grand-père rentrer à la maison, debout, vivant", a dit vendredi à Tel-Aviv Daniel Lifshitz, petit-fils d'Oded Lifshitz, 84 ans, lui aussi enlevé à Nir Oz.
- "Embrasser ma terre" -
Avant même le début de la trêve, des déplacés palestiniens chassés de chez eux par la guerre se préparaient à regagner leur maison.
"Je vais (...) retirer les décombres de la maison et placer ma tente sur les gravats, où je vivrai avec mes dix enfants", anticipe Oum Khalil Bakr, déplacée à Nousseirat.
"Nous savons qu'il fera froid et que nous n'aurons pas de couvertures pour nous coucher, mais ce qui importe, c'est de retourner sur notre terre", ajoute-t-elle.
La guerre, qui a provoqué à Gaza un niveau de destructions "sans précédent dans l'histoire récente", selon l'ONU, a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien.
Cette attaque a entraîné la mort de 1.210 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes. Sur 251 personnes enlevées, 94 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.
Au moins 46.876 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans la campagne militaire israélienne de représailles dans la bande de Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
- Accord en trois phases -
L'accord, fruit de laborieuses négociations, a été débloqué à l'approche du retour lundi de Donald Trump à la Maison Blanche. Le président américain élu a assuré jeudi qu'il n'aurait jamais été conclu sans la pression exercée par lui et sa future administration.
La première phase comprend "un cessez-le-feu total", selon le président américain, Joe Biden, la libération de 33 otages, un retrait israélien des zones densément peuplées et une augmentation de l'aide humanitaire.
Israël de son côté "libèrera des centaines de prisonniers palestiniens", a indiqué mercredi M. Biden.
La deuxième phase doit permettre la libération des derniers otages, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.
Pendant la première phase seront négociées les modalités de la deuxième phase, à savoir "une fin définitive de la guerre", selon le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.
Le cessez-le-feu laisse en suspens l'avenir politique de Gaza, où le Hamas s'est emparé du pouvoir en 2007.
Pilonné pendant 15 mois par l'armée israélienne, le mouvement islamiste apparaît très diminué mais encore loin d'être anéanti, contrairement à l'objectif qu'avait fixé Benjamin Netanyahu, selon des experts.
F.Abate--LDdC