Lula de retour aux affaires à Brasilia après son opération près du cerveau
Un peu plus d'une semaine après son opération pour une hémorragie près du cerveau, le président brésilien Lula est rentré jeudi à Brasilia, au moment où son gouvernement est confronté à de sérieux défis budgétaires et à une dépréciation de la monnaie.
Dans la nuit du 9 au 10 décembre, Luiz Inacio Lula da Silva, 79 ans, avait été transféré de toute urgence de la capitale à Sao Paulo et avait subi une opération intracrânienne visant à résorber un hématome lié à une chute en octobre.
Sorti dimanche de l'hôpital syro-libanais de Sao Paulo, le chef de l'Etat a obtenu le feu vert des médecins pour retourner à Brasilia après avoir subi jeudi matin une tomographie, un examen d'imagerie médicale, dans cet établissement de renom.
"Le résultat de l'examen est extrêmement satisfaisant, il va bien. L'hématome n'existe tout simplement plus", a résumé Roberto Kalil, le médecin personnel de Lula, devant la presse.
Dimanche, dans un entretien avec TV Globo, ce médecin avait estimé qu'il y avait eu "un risque que le pire se produise".
Lula s'est rendu directement à l'aéroport après avoir réalisé l'examen. Il a regagné sa résidence officielle à Brasilia en début d'après-midi, a indiqué la présidence brésilienne à l'AFP.
"Il peut exercer ses activités normalement, tout est parfait du point de vue cognitif, il peut travailler", a ajouté le docteur Kalil.
Même si les médecins se montrent satisfaits de son rétablissement, ce nouveau problème de santé, après un cancer du larynx en 2011 et une opération à la hanche l'an dernier, jette une ombre sur sa capacité à briguer un nouveau mandat à la présidentielle de 2026, comme beaucoup lui en prêtent l'intention.
- Tensions budgétaires -
À Brasilia, Lula compte organiser vendredi une réunion de haute importance avec son gouvernement, au moment où l'exécutif tente de faire approuver par le Parlement un paquet de mesures budgétaires mal accueilli par les milieux d'affaires.
La monnaie brésilienne s'est fortement dépréciée ces dernières semaines, atteignant le niveau historique de six réais pour un dollar fin novembre.
Selon le site internet spécialisé TradingView, un dollar s'échangeait contre 6,13 réais jeudi en début d'après-midi après s'être échangé mercredi contre 6,30 réais, un nouveau record.
La dépréciation s'est poursuivie malgré la décision prise la semaine dernière par la banque centrale de relever le taux directeur, à 12,25%, en raison de poussées inflationnistes.
L'inflation sur un an a accéléré à 4,87% en novembre, au-dessus de la limite supérieure de la fourchette — entre 1,5% et 4,5% — visée par la banque centrale et le gouvernement.
Mais le Brésil affiche aussi de bons indicateurs, avec une croissance de 0,9% au troisième trimestre et une progression du PIB de plus de 3% attendue cette année, tandis que le chômage a atteint son plus bas niveau depuis 2012, avec un taux de 6,2% sur la période août-novembre.
Mais les investisseurs se montrent méfiants quant à la capacité du gouvernement de maintenir l'équilibre budgétaire.
"Personne dans ce pays n'a plus de responsabilité que moi sur le plan budgétaire", a pourtant assuré Lula il y a quelques jours.
Le plan annoncé fin novembre par le ministre des Finances Fernando Haddad prévoit une réduction des dépenses publiques de 70 milliards de réais (environ 11 milliards d'euros) d'ici à 2026.
Des mesures jugées toutefois insuffisantes, d'autant que, dans le même temps, il a prévu de quasiment doubler le plafond d'exonération de l'impôt.
Selon le gouvernement, cette réduction des recettes fiscales devrait être compensée par une hausse des impôts pour les plus fortunés, mais les opérateurs des marchés financiers ne semblent pas avoir été convaincus.
M.Vecchiarelli--LDdC