Rallye: Thierry Neuville, l'éternel chasseur désormais chassé
"On a réalisé, on a célébré, on a profité... mais c'est derrière nous maintenant": Thierry Neuville débute ce week-end sa chasse pour conserver son premier titre de champion du monde des rallyes WRC, un statut qui s'est longtemps refusé au Belge.
Aux confins des Alpes jeudi soir, le nouveau roi des rallyes fait vrombir son moteur quelques instants avant de lâcher les gaz, inaugurant officiellement la 53e édition du championnat WRC à l'occasion du Rallye Monte-Carlo, première manche de la saison qui se tient jusqu'à dimanche.
Au volant de sa Hyundai flanquée du N.1, le natif de Saint-Vith, dans la région germanophone de Belgique, goûte enfin au plaisir d'être celui à qui l'on veut ravir la couronne, lui qui a fini cinq fois vice-champion du monde.
Loin de céder à la pression, le Belge de 36 ans se montre pragmatique : "J'ai une couronne à défendre, c'est clair (...) mais là, on repart tous de zéro, on est tous dans la même situation, on a tous les mêmes objectifs", expliquait-il plus tôt cette semaine, devant la presse. "Je veux vraiment me focaliser sur la bagarre qui commence ici."
Bagarre, il y aura certainement car face à lui, le pilote Hyundai a trois anciens champions du monde: son coéquipier estonien Ott Tänak (titré en 2019), le jeune Finlandais Kalle Rovanperä (sacré en 2022 et 2023), de retour à temps complet après avoir mis partiellement de côté sa carrière en rallye l'an dernier, et l'octuple champion du monde français Sébastien Ogier, qui dispute cette année encore une saison partielle avec Toyota.
Outre les têtes déjà couronnées, le Gallois Elfyn Evans (Toyota), vice-champion en titre, fait aussi figure de prétendant pour le sacre en fin de saison.
- "Encore plus fort" -
Neuville, double champion du monde à la fin de la saison ? Son patron Cyril Abiteboul veut y croire : ce premier titre "va lui permettre de faire un +step+ en matière de confiance", explique le Français à l'AFP.
"Il va être encore plus fort cette année", prédit également l'ancien patron de Renault en Formule 1.
Et de poursuivre: "Le fait de l'avoir atteint de manière extrêmement contrôlée - il a pris la tête du championnat dès la première manche, au Monte-Carlo, l'année dernière et il ne l'a jamais lâchée -, cela lui montre que c'est ainsi qu'une saison se gère."
Et cela, le pilote belge en a conscience: "les 30 points maximum qu'on a pris l'année passée (après sa victoire sur le rallye Monte Carlo, NDLR) nous ont aidés dès le début de la saison dans la lutte pour le titre."
"Mais pas uniquement", tempère-t-il aussi. "C'est l'ensemble de la saison qui va être importante (...) et tout ce qui va avec : la réussite, la fiabilité, l'engagement, la motivation... et c'est justement ce qu'on a envie de répéter cette année, avec évidemment l'ambition de défendre notre couronne, mais aussi d'aller chercher le titre constructeur qui nous a échappé de justesse en 2024", au profit de Toyota.
S'il a brillamment fait honneur à son statut en terminant jeudi soir en tête de la première journée du "Monte Carl'", les choses se sont compliquées vendredi midi pour le Belge, victime d'une sortie de route. L'équipage a pu repartir - une roue arrière en moins -, mais a rétrogradé à la 9e place, à 1 min 48 sec du leader britannique Evans. De mauvaise augure pour rester sur le trône ?
O.Criscione--LDdC